[FSM] PirateBox: Une expérience sociale de partage numérique
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1 avril 2015 Informations, La Brique Internet | Laisser un commentaire
Cet article a été rédigé par kload de Neutrinet, qui est parti avec LDN au Forum Social Mondial (FSM) de Tunis. La PirateBox itinérante présentée fait partie des actions de LDN/Neutrinet lors de ce FSM 2015.
Alors que les initiatives numériques s’accumulent sur le Forum Social Mondial, une pratique pour le moins originale y a fait son apparition depuis deux jours : Un homme, vêtu d’un sweat-shirt noir provenant vraisemblablement d’un obscur hackerspace Hong Kongais, une pancarte et un panneau solaire sur le dos, foule nonchalement les allées du campus El Manar.
Sur sa pancarte est inscrit :
« PirateBoy is sharing with you, connect to the WiFi network PIRATEBOX »
« PirateBoy partage avec vous, connectez-vous sur le réseau WiFi PIRATEBOX »
Le Datalove
Quelques échanges avec ce "garçon pirate", et nous voilà éclairés : il s’avère que la pratique s’inscrit dans un mouvement bien connu du monde des hackers. Le "Datalove", ou le partage de données numériques dans son plus simple appareil. Vous aimez quelques choses ? Faites-en profiter les autres, et profiter de ce qu’on vous propose !
Une fois connecté sur le réseau WiFi "PIRATEBOX" via votre ordinateur portable ou votre smartphone, vous obtenez l’accès à tous les fichiers présents sur le disque dur de la PirateBox. Libre à vous alors d’envoyer les documents que vous souhaitez, et même d’en supprimer certains. Et c’est non sans une certaine excitation qu’on se retrouve à parcourir la myriade de fichiers, avide à la lecture des titres des films, musiques ou livres présents.
"Pas de cyberguerre, juste du datalove". Le motto d’un nouveau hippisme numérique ?
Et nous, on se fait pirater ?
On peut cela dit s’interroger sur l’efficacité du mot "Pirate" au milieu d’un évenement grand public, dans lequel peu sont effectivement initiés aux questions du partage numérique.
Selon PirateBoy :
« C’est parce que nous sommes tous des Pirates. Notre manière de partager les documents numériques est simple et nous devrions respecter notre instinct. Si vous pouviez dupliquer simplement un article de votre journal que vous trouver important à diffuser. Demanderiez-vous encore à vos amis d’acheter le journal complet pour lire cet article alors que vous pouvez lui en donner une copie gratuitement et instantanément ? »
Et d’ajouter :
« Le numérique a transformé notre manière d’apprécier la possession, et nous avons ré-appris à avoir honte de partager alors que c’est bénéfique pour tout le monde : L’auteur de l’oeuvre, qui gagne en popularité, aussi bien que les personnes, qui apprécient son travail.
Et comment dire à un enfant qui récupère une chanson sur Internet pour la remixer en quelque chose de plus beau qu’il n’a pas le droit de le faire ? Je crois qu’il devrait pouvoir.
Les données numériques stimulent notre créativité, alimentent notre réflexion et nourrissent notre esprit critique. Alors partageons ! »
La PirateBox
Alimentée par une petite batterie et un panneau solaire, la PirateBox est en fait un petit ordinateur ressemblant à un RaspberryPi, muni en l’occurence d’une antenne WiFi. Tous les fichiers sont stockés sur une petite carte SD. Le dispositif est déconcertant de simplicité, et PirateBoy m’assure qu’il est peu cher à l’achat et simple à monter.
Sur la PirateBox, toutes sortes de documents, mais une majorité à penchant libertaire : des écrits de Lawrence Lessig et Julian Assange, le dernier documentaire de Laura Poitras, des guides sur l’auto-défense numérique et les derniers "leaks" des documents confidentiels de la NSA cotoient d’égal à égal des photos du FSM et de la musique traditionnelle tunisienne.
Au bout du compte ce seront plus de 100 documents partagés en 2 jours, 4Go de données, et quelques centaines de personnes qui en auront profités. Presque aucune suppression de documents, et aucun document malsain ou malveillant déposé. Qui a dit qu’on ne devrait pas avoir confiance ?
Et dans une société où la généralisation de surveillance de masse a dépassé les pires fantasmes de Georges Orwell, la simplicité et la spontanéité de ces PirateBoys ne serait-il pas une critique efficace d’un système inutilement sécuritaire ?
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